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filpac Gascogne Mimizan
29 octobre 2010

Retraites :

 

Patronat et syndicats s’apprêtent à renégocier le financement des régimes gérés par l’Agirc et l’Arrco. Une partie cruciale qui déterminera le niveau des futures pensions.

 

Pour défendre leur réforme des retraites, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont répété en boucle le même argument : "Avec notre loi, nous préservons le niveau des pensions." Mais le président et son équipe ont oublié de préciser un détail. En France, les retraites des salariés du privé reposent sur deux piliers : les sommes versées par l’Assurance-vieillesse d’une part, et celles apportées par les "régimes complémentaires" (l’Arrco pour tous les salariés, auquel s’ajoute l’Agirc pour les cadres), d’autre part. Or ce deuxième pilier relève de la seule responsabilité des organisations syndicales et patronales : l’Etat n’a donc pas à mettre son nez dans leur gestion. Hasard du calendrier, une fois la réforme du régime général bouclée, les partenaires sociaux devront se remettre autour de la table pour négocier les paramètres des complémentaires. L’enjeu est de taille : à ce moment-là seulement, on verra si le niveau des pensions des futurs retraités sera préservé.

 

Des points retraite dont la valeur ne cesse de baisser

 

Le saviez-vous ? Pour le moment, c’est plutôt la baisse qui est au programme. Bien sûr, cela ne date pas d’hier : les sommes distribuées par l’Agirc et l’Arrco, qui n’ont de complémentaires que le nom (elles représentent 60 % de la pension des cadres, et 40 % pour les non-cadres), fondent année après année.

 

Contrairement à l’Etat avec l’Assurance-vieillesse, les syndicats et le patronat n’ont pas le droit de mettre leurs régimes en déficit. Alors, pour faire face à la dégradation prévisible de leurs comptes, ils ont choisi de faire "baisser les rendements" des complémentaires. Le sujet peut sembler technique, mais il touche directement les futurs retraités au porte-monnaie.

 

Tout au long de leur carrière, les salariés achètent des points grâce à leurs cotisations. Ces points sont convertis en euros au moment où ils prennent leur retraite. Et c’est là que le bât blesse : le rapport entre ce qu’ils ont payé et ce qu’ils toucheront ensuite ne cesse de se dégrader. Ainsi, pour 100 euros de cotisation, l’Agirc reverse 6,70 euros en 2010, contre 7,60 euros en 1999... Les futurs retraités doivent donc s’attendre à voir le niveau de leurs pensions baisser (voir tableau ci-contre).

 

La négociation à venir permettra-t-elle, sinon d’inverser la tendance, au moins de stabiliser les rendements à l’avenir ? Pour le gouvernement, l’affaire est entendue : le recul de l’âge du départ à 62 ans va alléger les charges de l’Assurance-vieillesse, mais aussi celles des complémentaires. A terme, celles-ci pourraient même redevenir excédentaires, ce qui donnerait la possibilité de préserver leur niveau.

 

Mais les partenaires sociaux ne voient pas les choses ainsi. Syndicats et patronat s’accordent au moins sur un point : les prévisions de croissance de l’économie et de l’emploi sur lesquelles repose la réforme du régime général sont trop optimistes. Et, de fait, rien ne les oblige à retenir les mêmes hypothèses que le gouvernement. "La réforme du régime de base retarde un peu les échéances, mais les complémentaires resteront déficitaires. D’après nos premiers calculs, l’Agirc épuisera ses réserves en 2017, au lieu de 2013 sans réforme. Pour l’Arrco, ce sera en 2025, et non pas en 2018", souligne Bernard Van Craynest, le président (CFE-CGC) de l’Agirc.

 

La menace d’une double peine pour les salariés

 

La partie s’annonce donc difficile. Les syndicats vont réclamer une stabilisation des rendements, tandis que le patronat devrait surtout se montrer soucieux de ne pas voir les charges des entreprises s’alourdir encore.

 

Le principal espoir d’un accord tient en quatre lettres : AGFF. Ces initiales (elles signifient Association pour la gestion du fonds de financement) désignent le texte qui permet de payer les retraites complémentaires entre 60 et 65 ans - eh oui, dans ces régimes, l’âge officiel de départ en retraite est toujours resté à 65 ans ! L’AGFF arrive à échéance en fin d’année. Lors des dernières négociations, son renouvellement a été difficile, mais la retraite à 62 ans change le contexte.

 

"Avec deux ans de moins à couvrir, il devient possible de réduire la cotisation qui finance ce dispositif, ce que ne manquera pas de réclamer le patronat. Mais ces sommes pourraient aussi être transférées sur l’Agirc et l’Arrco. Cela dégagerait des moyens pour freiner la baisse des rendements", souligne Henri Sterdyniak, spécialiste des retraites à l’institut OFCE.

 

Le bras de fer ne fait donc que commencer. Une chose est sûre : sans accord dans ce sens, les salariés subiront une double peine. Non seulement ils devront travailler plus longtemps, mais en plus ils verront le niveau de leurs futures pensions continuer de fondre. Stéphanie Benz

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