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filpac Gascogne Mimizan
19 mars 2012

Entre Nicolas Sarkozy et la CGT, la guerre est

Entre Nicolas Sarkozy et la CGT, la guerre est déclarée

lundi 19 mars 2012

Démocratie sociale ou référendaire

Entre Nicolas Sarkozy et la CGT, la guerre est déclarée. Jeudi 15 mars, des heurts ont opposé, devant le QG du candidat à Paris, 200 métallos d’ArcelorMittal, venus de Florange (Moselle), aux forces de police. " On n’a jamais dérapé, on est reçu avec des gaz lacrymogènes ", a dénoncé Edouard Martin, un délégué de la CFDT. A la suite de ces échauffourées, la CGT, mais aussi la CFDT et FO, ont refusé de rencontrer, le 19 mars, le président de la République qui les avait invitées à l’Elysée pour évoquer l’avenir de leur usine, où deux hauts-fourneaux sont à l’arrêt depuis plusieurs mois.

La réplique de M. Sarkozy a été immédiate. " Que les syndicalistes défendent les syndiqués et ne fassent pas de politique et la CGT se portera mieux " , a-t-il lancé lors d’un déplacement dans la Marne. Se déclarant à la disposition des " vrais salariés de Florange " - sous-entendu ceux qui n’ont pas de mandat syndical -, le président-candidat s’en est pris à la centrale de Bernard Thibault : " Que la CGT ne pense pas qu’elle a un rôle politique à jouer dans cette campagne. " Le 13 mars, la CGT avait franchi le Rubicon, sortant de la relative neutralité qu’elle observait depuis 1988, en souhaitant ouvertement la défaite de M. Sarkozy : " Au vu du bilan et des projets du président de la République, sa réélection ouvrirait, à coup sûr, une nouvelle séquence de lourds reculs sociaux. "

Si la rupture est consommée entre M. Sarkozy et la CGT, elle est plus que latente avec les autres syndicats qui n’ont toujours pas digéré le passage en force du président sur la réforme des retraites, en 2010, qu’il a imposée en dépit de leur hostilité et de fortes manifestations. Le 13 mars, au colloque sur la compétitivité organisé par l’Association française des entreprises privées (AFEP) et Le Monde, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, a qualifié le bilan du chef de l’Etat de " globalement négatif « .

Depuis que le chef de l’Etat a réendossé les habits de candidat, la fracture s’est accentuée. Alors que François Hollande s’est engagé à renforcer la démocratie sociale, M. Sarkozy a fait le choix d’une démocratie référendaire. Le " candidat du peuple " s’est engagé à recourir au référendum, " quand des blocages seront avérés ", en ciblant deux sujets possibles : l’indemnisation des chômeurs et la lutte contre l’immigration illégale.

Cette conversion au référendum marque une rupture avec l’éloge appuyé de " syndicats forts et responsables " que M. Sarkozy avait fait dans Le Monde du 19 avril 2008. Il se félicitait alors d’un accord entre le patronat, la CGT et la CFDT, ouvrant la voie à une réforme radicale de la représentativité syndicale - qu’il a encouragée -, y voyant une base " pour refonder notre démocratie sociale « . " Je crois à la vertu et à la force du dialogue social ", écrivait-il.

En défendant sa démocratie référendaire, M. Sarkozy s’est surtout livré à une attaque en règle contre les corps intermédiaires. " Les syndicats, les partis, les groupes de pression, les experts, les commentateurs , a-t-il déclaré le 16 février à Annecy, tout le monde veut parler à la place du peuple sans jamais se soucier de ce que le peuple veut, de ce qu’il pense et de ce qu’il décide. " De ces " entre-soi « , des " élites syndicales " notamment, " il ne sort, a-t-il ajouté, que des compromis boiteux. Il ne sort que l’immobilisme « . Pour le président-candidat, " les corps intermédiaires ont un rôle à jouer dans le bon fonctionnement de la démocratie à une condition : qu’ils ne confisquent pas le pouvoir, car le pouvoir ne leur appartient pas « .

Lors de son meeting de Marseille, le 19 février, M. Sarkozy a récidivé, fustigeant " ces corps intermédiaires qui prétendent souvent parler au nom des Français et qui en vérité, souvent, confisquent la parole des Français « . " Ce ne sont pas les Français qui sont rétifs aux réformes, a-t-il martelé, mais les corps intermédiaires qui n’aiment rien tant que l’immobilisme. "

Les syndicats ont vu dans la virulence de cette charge une agression. Le 21 février sur RTL, M. Chérèque s’est insurgé contre cette conception de la démocratie : " Que les corps intermédiaires se mettent entre lui et le peuple, et qu’il veut fonctionner sans avoir de débats avec ce qu’on appelle la société civile, c’est une conception de la démocratie autoritaire, que la CFDT ne partage pas. " Et le Manifeste pour un pacte social, présenté le 10 mars par la CFDT, l’UNSA et sept associations, souhaite que " ceux qui font vivre la démocratie civile et sociale soient associés à l’élaboration des lois qui nous gouvernent ".

Le patronat critique aussi la démocratie référendaire. Frédéric Saint-Geours, qui vient d’être réélu à la présidence de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), a dénoncé " le caractère simplificateur " d’un éventuel référendum sur la formation qui " n’est pas du tout dans - leur - démarche " . Et Laurence Parisot, la présidente du Medef, qui dresse plutôt un bilan globalement positif du quinquennat de M. Sarkozy, s’est démarquée, rappelant, le 13 mars, que " le Grenelle de l’environnement est un succès des corps intermédiaires ".

Un vrai clivage apparaît dans la campagne entre la démocratie référendaire de M. Sarkozy et la démocratie sociale de M. Hollande. Le candidat socialiste, qui s’apprête à recevoir de nouveau les syndicats, évoque une " logique de coproduction " entre l’Etat et les partenaires sociaux dans l’élaboration des lois sociales. Il veut inscrire dans la Constitution le principe selon lequel tout texte social - projet ou proposition de loi - devrait préalablement faire l’objet d’une négociation entre partenaires sociaux. Une idée de constitutionnalisation du dialogue social qui est bien accueillie par la plupart des syndicats mais aussi par le patronat.

Michel Noblecourt, Le Monde

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