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Gascogne wood products

La bûche de trop

 Les salariés du spécialiste du bois menacent de faire grève.

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Tous les six mois, le directeur général de Gascogne Wood Products, spécialiste de la transformation du bois, se déplace sur les six sites de production (en Gironde, Lot-et-Garonne, Dordogne et dans les Landes) pour organiser des réunions d'information face à ses 540 salariés. Hier, à Marmande, Jean-Luc Imberty n'avait face à lui que 25 des 68 salariés que compte le site marmandais.

« Nous avions prévenu que nous boycotterions cette réunion semestrielle. Mais quand nous avons pris nos postes, surprise, l'aspiration de la sciure était éteinte. La direction nous a empêché de travailler », s'énerve Jean-Paul Pourredon, délégué syndical CGT de l'atelier de fabrication de Marmande.

« Faux », répond Frédéric Mazières, directeur des ressources humaines. « Pendant cette réunion d'information, les salariés ne peuvent pas travailler. Donc comme à chaque fois, et pour limiter les risques, nous éteignons tout. »

Les salaires en question

Mais conflit il y a bien, puisque le syndicat du site marmandais a refusé de signer la proposition faite par la direction à l'issue des négociations salariales annuelles. « Impossible de négocier ! Dès la première réunion, le 10 mars, la direction générale a prévenu qu'il n'y aurait aucune augmentation et qu'il y avait même des risques de licenciement. Commencer des discussions ainsi est malsain », développent les délégués CGT (unique syndicat représenté sur site).

Un pas en avant a pourtant été fait par l'entreprise lors de la troisième réunion de négociation. Elle propose une augmentation de salaire de 1 % en avril, puis une autre de 0,5 % en septembre.

« Insuffisant », rétorquent les salariés (98 % d'entre eux selon un sondage CGT), qui souhaitaient une augmentation de 40 euros sur les salaires, entre autres revendications (le panier à 6 euros, un salaire minimum brut à 1 600 euros, la dispense de poste à partir de 55 ans, etc.)

« Mais nous n'avons pas présenté nos arguments », annonce la CGT. Pourquoi ? « Pour ne pas nous faire accuser d'obliger l'entreprise à licencier pour obtenir ces avantages », rétorque Jean-Paul Pourredon.

Le bois, un marché à risques

Surtout que les salariés de ce site craignent pour la division « moulures » de Gascogne Wood Products. Depuis que la société a développé une entité commerciale pour vendre les ossatures bois produites sur ses sites (Gascogne habitat bois, notre photo), il y a deux ans, « on a l'impression que la moulure est passée au second plan car elle est en perte de vitesse. . . Mais elle représente quand même un quart du chiffre d'affaires de Gascogne Wood Products. Un chiffre d'affaires en progression de 5,3 % en 2010. . . » poursuit le délégué syndical au nom des salariés.

Le son de cloche est différent du côté de la direction : « Nous ne dégageons pas de résultat depuis plusieurs années. On ne peut certes pas répondre aux attentes de la CGT, mais malgré la crise économique, écologique (la tempête) et sanitaire (scolytes), nous n'avons pas licencié. Or, le risque de licenciement dans l'activité bois est permanent », développe Frédéric Mazières, qui reconnaît que la moulure est un secteur qui souffre. « Mais si nous avons développé l'activité ossature bois à Marmande, c'est aussi pour anticiper le déclin du marché des moulures. Il y a des passerelles entre les deux spécialités », tente de rassurer le responsable des ressources humaines.

Le syndicat étudie actuellement les modalités d'« une éventuelle grève dure et illimitée. Il y a les salaires, et les conditions de travail aussi à dénoncer. À un moment, il faut dire "stop" », déclare le délégué CGT. La direction, elle, a annoncé l'augmentation effective de 1 % des salaires à compter du 1er avril. Rien qui devrait pour autant calmer les inquiétudes.

Source Sud ouest du 20 avril 2011 ( Emmanuelle LATOUCHE)