Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
filpac Gascogne Mimizan
6 juin 2012

Collectivement inquiets Venus de Dax, Marmande,

Collectivement inquiets

Venus de Dax, Marmande, Mimizan ou Castets, quelque 180 salariés ont manifesté hier devant l'Atrium où se tenait l'assemblée générale houleuse du groupe.


Mieux valait ne pas se promener en costume trois-pièces avec attaché-case hier après-midi aux abords de l'Atrium. Sous peine d'entrer dans la salle Art déco sous les huées de quelque 180 salariés de Gascogne réunis en marge de l'assemblée générale du groupe papetier. La police et des agents de sécurité interdisaient l'accès à tout visiteur autre que les dirigeants et actionnaires. Délégué syndical CGT du site dacquois Gascogne Laminates, Cyrille Fournet avait lui-même acheté une action pour pouvoir assister à la réunion annoncée agitée. Son collègue Thierry Le Bris, délégué CGT dans l'usine Gascogne Paper Mimizan, était pour sa part muni du pouvoir d'un actionnaire absent. Les deux représentants des salariés en grève ont lu, à huis clos, une déclaration commune signée des syndicats CGT et CFDT.

Les banques aux manettes

Dans leur collimateur, les banques, sous la pression desquelles, selon les salariés, le groupe a décidé de céder la branche complexes « laminates », la plus dynamique, pour renflouer les caisses et payer des intérêts qui s'envolent. « Cette branche représente 40 % du chiffre d'affaires du groupe, soulignent Cyrille Fournet et Thierry Le Bris. Il y a deux ans, sous la pression de ces mêmes banquiers, ils ont vendu la branche distribution Cenpac pour payer la dette. À l'époque, nous n'avons pas bougé et nous avons eu tort. La situation est pire aujourd'hui. Cette vente est une erreur qui va nous plonger dans des difficultés insurmontables. Le PDG lui-même nous a dit qu'au lieu de nous tirer vers le haut, les banques nous enfoncent ».

Avant de se rendre en cortège cours Foch, les Gascogne s'étaient donné rendez-vous dans le parc des Arènes pour un pique-nique revendicatif où les élus, plutôt de gauche, n'ont pas manqué de les rejoindre. On pouvait ainsi croiser le député socialiste sortant Jean-Pierre Dufau, les candidats Lutte ouvrière aux législatives Pascal Castéra (deuxième circonscription) et Marc Isidori (troisième), ou ceux du Front de gauche, dont le maire de Tarnos, Jean-Marc Lespade, un sandwich et un verre (de rouge) à la main : « On voit dans la situation du groupe Gascogne le rôle très discutable que jouent les banques. Je le constate aussi dans le sud des Landes avec des entreprises qui veulent s'installer mais à qui les banques ne prêtent pas ou à des taux prohibitifs. Ces établissements sont à la recherche de gains très rapides en contradiction avec la logique de la production qui demande du temps. Ce sont des problèmes auxquels un gouvernement de gauche doit s'attaquer en créant un pôle public bancaire . »

Le site dacquois Gascogne Laminates, qui fabrique des papiers techniques et emploie 270 salariés, a plutôt le vent en poupe. « Nous venons de signer un gros marché pour fournir des pièces en carbone à l'A350 », reprend Cyrille Fournet. Ce qui ne dissipe pas les inquiétudes puisque le nom de l'éventuel repreneur n'est pas connu: « Ce sera sans doute un groupe finlandais comme UMP Raflatec qui a racheté l'usine Gascogne de Martigny en Suisse, reprend le délégué CGT. Mais ce très gros groupe papetier est aussi en train de fermer une unité de 260 salariés près de Strasbourg. »

Table ronde ?

L'inquiétude est aussi à Gascogne Wood products Marmande d'où est venue hier une dizaine de salariés grévistes : « Nous ne sommes a priori pas concernés, mais nous avons connu cette année le chômage technique comme les autres sites de notre branche », commente le Lot-et-Garonnais Pascal Laujacq. Aucun des 24 salariés de Lévignacq en revanche dans le cortège, confrontés à ce même chômage technique depuis février, selon leurs collègues landais. « Trois travaillent chez nous, d'autres à Escource, explique Joël Mallet, délégué CGT sur le site de Gascogne Wood Castets où sont réalisés des parquets et des lambris intérieurs. Le site de Lévignacq tourne au ralenti et est clairement menacé. Dans le même temps, on va vendre celui de Dax qui est le seul à rapporter de l'argent. Il manque une stratégie à long terme pour l'ensemble du groupe . »

Mêmes appréhensions parmi les 240 salariés de Gascogne Sacks Mimizan : « On nous dit que le groupe se recentre sur son cœur de métier et qu'il vaut mieux un petit groupe fort qu'un grand groupe faible, décrit le délégué CGT mimizanais André Solureau. Mais toutes les autres branches sont en difficultés. Que ferons-nous quand nous serons devenus un petit groupe faible sans plus rien à céder ? »

Hier soir, l'assemblée générale close, le délégué CGT dacquois Cyrille Fournet se disait « agréablement surpris » : « Nos anciens dirigeants partagent notre point de vue et se sont déclarés contre la vente de la branche Laminates. Même notre PDG Frédéric Doulcet a reconnu y être contraint par les banques. »

Les salariés comptent désormais impulser l'organisation d'une table ronde, incluant les pouvoirs publics, pour trouver « une autre solution ».

Lire également en pages Région, 10 et 11.

Landes : tentative de putsch au groupe Gascogne

Les patrons du groupe landais déficitaire ont sauvé leur fauteuil hier lors d'une assemblée générale houleuse, sous les tirs croisés de la CGT et d'ex-dirigeants.

 

La CGT de Gascogne a voulu tenter de dissuader la direction de céder la branche emballages complexes.

Les dirigeants du groupe Gascogne (bois, papier, emballage) ont sauvé leur fauteuil hier, à Dax (40), lors de l'assemblée générale des actionnaires. Mais le PDG, Frédéric Doulcet, et les administrateurs ont tout de même passé une rude après-midi. Ils ont dû entendre les critiques convergentes de la CGT et d'anciens dirigeants, dont l'ex-patron de la branche bois Jean-Luc Imberty. Celui-ci a demandé aux actionnaires de le porter à la tête du groupe et de limoger Frédéric Doulcet. La tentative de putsch a échoué. Mais l'équipe dirigeante n'a obtenu le soutien que de 58 à 71 % des actionnaires selon les cas, ce qui illustre le malaise provoqué par la situation du groupe.

Bien peu rentable

Blazer bleu impeccable mais coupe de cheveux digne d'un rocker des années 1960, Frédéric Doulcet est devenu PDG de Gascogne il y a un an, concomitamment au limogeage de son prédécesseur, François Vittoz, lors d'une assemblée générale également tumultueuse. Mais la holding EEM, dont il avait pris jadis le contrôle avec son compère financier François Gontier, est depuis une dizaine d'années le principal actionnaire de Gascogne avec 27 % des voix. Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'investissement d'EEM n'a pas été rentabilisé, puisque l'action de Gascogne, qui a perdu 32 millions d'euros l'an dernier, est en chute libre. Et, après avoir cédé sa filiale de distribution Cenpac, Gascogne a mis en vente sa division emballages complexes (autoadhésifs...) à la demande expresse de ses 14 banques. Celles-ci ont gagé toutes les principales filiales du groupe et mettent des conditions apparemment incontournables à la poursuite de leur soutien.

La vente de cette activité est considérée comme une catastrophe par la CGT, qui manifestait hier à Dax. Un de ses représentants, Yves Fournet, a lu devant les actionnaires un appel à empêcher la cession de cette division, représentant près de 40 % du chiffre d'affaires et dont l'usine de Dax vient de faire l'objet d'importants investissements. « Comment peut-on vouloir prétendre pérenniser une entreprise, a-t-il déclaré, quand on a décidé de céder ses activités les plus rentables… Nous ne laisserons pas les dirigeants sous le commandement des banquiers défaire en quelques années ce qui s'est construit en près de quatre-vingt-dix ans autour de la papeterie de Gascogne. »

« Bras cassés »

Yves Fournel a été rejoint dans ses critiques par d'anciens dirigeants comme Philippe Simon, ex-patron de cette branche emballage jusqu'au début des années 2000 et dont les relations passées avec la CGT n'avaient pas toujours été idylliques. Mais il a rejoint hier le syndicat pour estimer que cette vente était une « erreur stratégique économique et humaine » : « Vous nous aviez reproché jadis d'être des bras cassés, a-t-il lâché aux représentants d'EEM. Mais, avec vous, c'est de bras coupés qu'il faudrait parler. »

L'attaque la plus circonstanciée est venue du Périgourdin Jean-Luc Imberty, licencié en septembre dernier de la branche bois dont il avait pris la direction en 2006 après avoir vendu sa propre entreprise à Gascogne. Important actionnaire du groupe, Jean-Luc Imberty a accusé Frédéric Doulcet d'« avoir manqué à sa parole » en ne mettant pas en œuvre les réorganisations stratégiques envisagées l'an dernier. Et l'ex-scieur périgourdin a demandé à prendre la relève de l'actuel PDG pour développer un « vrai projet industriel ». Dans cette offensive, il a reçu le soutien de Bertrand Roux de Luze, propriétaire forestier, arrière-petit-fils d'un des fondateurs du groupe et fils d'un de ses anciens administrateurs. Il avait également l'appui des représentants du financier franco-américain Guy Wyser-Pratte, qu'une animosité tenace oppose depuis des années au duo Doulcet-Gontier.

« Pas de plan B »

Les dirigeants ont pu toutefois surmonter cet assaut grâce au soutien de la majorité des actionnaires, dont vraisemblablement plusieurs banques. Tout en gratifiant de quelques amabilités les anciens dirigeants, et notamment Jean-Luc Imberty, « qui a retiré 23 millions de la vente de son entreprise à Gascogne », les majoritaires ont confirmé que la vente de la branche emballages complexes était inéluctable. « Il n'y a pas de plan B », a souligné Frédéric Doulcet. « Moi aussi, a renchéri François Gontier, je rêve d'un monde idéal où les banques ne demanderaient pas le remboursement de leurs emprunts. Mais nous ne sommes pas dans ce monde-là. »

Dans ce contexte, la CGT plaide pour une table ronde réunissant toutes les parties prenantes - établissements financiers compris - et ne désespère pas que le nouveau gouvernement fasse pression sur les banques. Mais l'hypothèse de voir l'un des groupes industriels les plus emblématiques de la région se couper un nouveau bras est malheureusement vraisemblable.

source Sud Ouest du 6 juin2012

 

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
filpac Gascogne Mimizan
Publicité